Hors circuit
Dominique Leroy est un photographe nîmois de grand talent. Après avoir été photographe de Formule 1 durant 20 ans, il se consacre désormais à des reportages sur des tribus et sur des destinations lointaines.
Notre première rencontre se passe en 1994 sur le circuit du Castelet lors des essais de la nouvelle Ferrari de Jean Alesi. « Je suis de Nîmes », me dit-il. Ce moment est resté gravé en moi tant il en appelait un autre en terre connue. Dix huit ans après, je retrouve le petit bonhomme mais grand par son talent et par son œil extraordinaire. Notre entretien se passe dans son appartement trop étroit situé à l’intersection des avenues Kennedy et Pompidou. |
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Une passion née dans l’enfance |
« A 10 ans, j’ai dit à mon père que je voulais être photographe », se rappelle Dominique Leroy. Il est marqué par les gestes de ses grands-parents photographe amateur et peintre. Son ingénieur de père n’y croyant guère le pousse à faire des études. A une semaine de son examen de kiné, le jeune Dominique abandonne et crie son envie de passer un CAP de photographe. Il enchaîne avec un BTS dans la même branche. |
Un photographe indépendant |
« Mon objectif était de voyager, de faire des photos et de voir des Formules 1 », explique l’homme aujourd’hui âgé de 57 ans. « Mon père était un fou de bagnoles, de F1. C’était un ancien pilote, raconte-t-il avec cette voix devenue grave par la cigarette. Alors il m’a accompagné dans mes débuts au bord des circuits. J’essayais de vendre mes clichés à Auto-hebdo, Echappement et à des agences. J’en ai chié ». Il tente d’intégrer des agences mais le petit bonhomme n’aime pas l’autorité ni les ordres. Alors il fera l’essentiel de sa belle carrière comme Free Lance, en indépendant et libre à l’image d’un Che Guevara à qui il ressemble lorsqu’il coiffe son béret. |
Le dernier échange avec Senna |
Après plus de 41 livres (dont 25 sur la Formule 1), 3,8 millions de kilomètres parcourus, 7 200 pellicules utilisées, 80 000 clichés, que reste t-il ? « Le souvenir de mon premier grand prix hors d’Europe en 1986 au Brésil », dit-il les yeux dans le vague de ses souvenirs. Un pilote hors normes : Gilles Villeneuve. « D’une grande sympathie, fougueux en piste et fou dans la vie ». Et puis ce casque de F1 posé sur une de ses étagères. Celui d’Ayrton Senna. « Il me l’a donné le jeudi précédent son accident mortel en me promettant de le signer après la course d’Imola ». |
Nîmes, le port d’attache |
Dominique a retrouvé son havre de paix, Nîmes. « J’aime Nîmes car c’est la où j’ai ma famille, mes amis. Et ce climat… ». Il aime sa ville pour son histoire, pour sa beauté, même si Dominique regrette que la ville ne bouge pas assez. Pour la dynamiser justement, il projette d’organiser à Pâques prochain un festival de l’image avec une bande de potes. Le petit génie, sorti d’un objectif de photographe souvent frotté, se consacre à la réalisation de reportages vidéo. « Je viens de finir d’en monter un sur l’Inde ». Pour l’avoir vu, la qualité de chaque image m’a bluffé. Je perçois le talent d’un Terence Malik, le réalisateur de « Three of life ». Le capteur d’images va le montrer dans des festivals comme celui de Nice en novembre. « J’espère le vendre à des chaînes de télévision ». |
Un nouvel objectif |
Après cette existence bien remplie et conforme à ses desseins d’enfant, Dominique rêve d’accomplir la plus belle des choses hors circuit : sa vie de famille. « J’ai rencontré Véronique après m’être mis en colère contre un péage défectueux ». Comme la définition qu’il donne d’une bonne photo, « la rencontre fut celle de l’émotion ou d’une expression vive ». Dominique présentera ses dernières émotions visuelles le 30 novembre à la galerie Audrey Carbo, place d’Assas. A voir absolument. |
Lieu : Les Halles car elles éveillent mes 5 sens. C’est le cœur de la ville et on peut découvrir tout près des endroits magiques. |
Nîmois : Jean Bousquet car on lui doit le Carré d’Art, le stade et bien d’autres réalisations qui ont fait évoluer Nîmes. |
Un événement : Le festival de Jazz de l’agglo qui vient de se passer en octobre. |
Portrait de Dominique Leroy croqué par Jérôme Puech
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