Gwenaëlle, chercheuse à Boston (USA)
A 44 ans, Gwenaëlle Geleoc est chercheuse en Neuroscience (Assistant Professeur à l’hôpital des enfants de Boston et l’Université de Harvard). Mariée à un américain, elle a deux enfants (6 et 8 ans).
Ce qui me manque le plus : les amis, la famille, les rues piétonnes, les marchés, les produits locaux
Quel est votre parcours de vie avant les USA ? |
---|
D’origine Bretonne, j’ai beaucoup voyagé avec un papa militaire. J’ai notamment fait mes études au lycée Daudet (bac D) puis j’ai fait des études supérieures à Montpellier pour obtenir un doctorat en neurobiologie. Durant mon DEA de Neurobiologie Sensorielle j’ai pu démarrer un projet de recherche visant à étudier les cellules sensorielles de l’oreille interne. Entre 1996 et 1999, j’ai vécu à Londres. Depuis ce temps, je vis à Boston où je suis professeur-chercheur (depuis 2010) en neurobiologie à l’hôpital pour enfants de Boston et à Harvard. |
En quoi consiste votre métier ? |
Je suis en particulier très intéressée par les déficits auditifs d’origine génétiques, héréditaires ou non, détectes dès la naissance « Congenital deafness ». Bien que je ne vois pas de patients, je suis maintenant en relation avec les médecins ORL de l’hôpital des enfants de Boston (Boston Children’s Hospital). J’étudie, entre autre, une maladie orpheline très représentée sur cet hôpital : il s’agit de la maladie de Usher. Les enfants qui sont atteints de cette maladie (classe I), naissent sourd et perdent la vue avant la puberté. Je développe au laboratoire, des méthodes de thérapie génique qui pourront peut-être un jour s’appliquer à ces patients afin de leur permettre d’entendre et de voir à nouveau. |
Pourquoi avoir fait le choix de partir ? |
Il m’a été conseillé de partir dans un bon laboratoire de recherche aux USA afin de « gonfler » mon dossier. J’ai adoré Boston dès mon arrivée ! J’étais passée sur Boston deux années auparavant pour assister à une conférence scientifique. Cette ville m’a tout de suite séduite d’autant que je l’ai découverte en été. Boston et ses grandes tours, ses superbes parcs, le bord de mer, le Charles River (Rivière qui sépare Boston et Cambridge), son mélange architectural, son histoire, ses universités, etc… |
Quels sont vos journées types ? |
On planifie la journée principalement en fonction des expérimentations prévues. Je suis moi-même toujours très active. Je conduis mes propres expériences. Je suis électro-physiologiste, c’est-à-dire que j’étudie les courants électriques des cellules dans mon cas les cellules sensorielles de l’oreille interne. Nous avons diffèrent modelés de souris transgéniques qui reproduisent des mutations connues chez l’homme. Le reste de ma journée se partage entre les séminaires, lectures d’articles, analyse des données et planification des expériences à venir. Je passe aussi de nombreuses heures à préparer des demandes de Grant car nos salaires et notre recherche dépendent entièrement de Grants qui doivent être renouvelés au minimum tous les 5 ans. |
Quel regard portez-vous sur le pays dans lequel vous vous trouvez ? |
« The land of opportunity » ou Terre d’opportunité… “The American Dream” ou le rêve Américain. Ici tout est possible du moment que l’on est prêt à se battre pour y arriver. Certes ça n’est pas toujours « l’Amérique » mais je suis tout de même très reconnaissante à ce pays qui m’a accueillie, m’a permis de m’installer en tant que chercheuse et continue à soutenir ma recherche et ce je l’espère pour encore de nombreuses années. |
Comment sont perçus les français ? |
Sur Boston et certainement dans le milieu scientifique, les français sont très bien perçus. La population Bostonienne est très sympathique et très variée. On se sent en sécurité, même si comme dans toutes les grandes villes, il y a certains quartiers à éviter. |
Une anecdote de vie ? |
Mon mari et moi nous sommes rencontrés en 1998 lors d’une conférence d’été dans le New Hampshire. Quelques mois auparavant et sans le savoir, je l’avais devancé en publiant mes résultats de thèse dans un journal scientifique. Il était très en colère après moi, mais cela n’a pas duré ! |
Nîmes vous manque-t-il ? |
Nîmes et la France me manque mais étant partie depuis 1996 (17 ans en Septembre), j’ai appris à m’en passer et à embrasser mon pays d’accueil. Ce qui me manque le plus : les amis, la famille, les rues piétonnes, les marchés, les produits locaux (olives, soupe de poisson avec sa rouille, les bons saucissons… là je pourrais remplir tout un journal), les bonnes baguettes légères et croustillantes, les bodegas, l’odeur du pastis, la musique et les livres. |
Suivez-nous sur les réseaux sociaux