Eve-Sophie la scénariste
« Working Girls » c’est une série de 12 épisodes de 13 minutes qui explore le monde du bureau du point de vue de six personnages féminins hauts en couleurs. Entre autre, une nymphomane, une maniaco-dépressive, une psychorigide, une mère de famille débordée… Sans parler des deux standardistes arrogantes et inefficaces. Le tout mis en scène dans une multitude de situations à la fois réalistes et absurdes. Est-ce un message "féministe" ou "girly" que vous avez voulu faire passer ?Eve : La série va bien au delà d’un simple débat sur le féminisme ou même sur la féminité. Elle a été jouissive à écrire parce qu’elle va très loin dans le trash, la poésie, la psychologie sans tabou, l’absurde ! Mon angoisse était de me demander si on allait trouver des actrices qui acceptent de jouer des scènes qui vont très loin, des comédiennes qui voudraient bien rompre avec une certaine image qu’on se fait d’une femme! Je dois dire que nos six comédiennes principales sont bluffantes ! Quand à la liberté de ton, je ne crois pas qu’elle aurait été possible ailleurs que sur C+, on a eu le droit d’employer le mot « chatte », de faire des blagues racistes, sexistes… Un véritable exutoire ! Ce n’est pas souvent qu’on peut faire racketter le « nain de la compta » par nos deux standardistes arrogantes et grossières. Ou qu’on peut voir la boss (incarnée par Claude Perron) demander à la DRH si « gouine » ça rentre dans les quotas d’emploi solidarité… . Pourquoi ce nom ? Est-ce un clin d'œil au film "Working girl" avec Mélanie Griffith ?
En fait, c’est le titre provisoire qu’avait donné la production (Elephant&Cie, crée par E.Chain) quand ils nous ont proposé le projet. Tout au long de l’écriture, on se disait qu’il faudrait penser à un autre titre. Et puis on s’est attachés et on n’a pas trouvé mieux. Au final, j’aime bien le côté ringard de ce titre, très 80’s ! Quel a été ton rôle dans l'écriture ? Explique-nous en quoi consiste ton métier ?D’abord il faut savoir que cette série est une adaptation, très libre certes, mais quand même, au départ on nous a montré une série de sketch-show (tableaux) hollandaise écrite et jouée par deux femmes. Elles se mettaient en scène dans des petites tranches de vie en interprétant à elles seules tous les rôles. Deux femmes géniales, dont a adoré le ton irrévérencieux. Nous, on a voulu créer un fil conducteur et des personnages qui puissent interagir entre eux et ça dans le cadre du bureau comme vivier de personnalités. On a aussi voulu que les épisodes aient un thème. Bref, ça c’est le point de départ. Quelle est la différence entre l’écriture TV et cinéma ?En règle générale, pour la télé en tout cas, on travaille souvent en co-écriture. D’abord parce que la somme de travail à fournir dans des délais super courts serait compliquée pour un scénariste seul, il faut aussi être sûr de pouvoir assurer la suite. D’ailleurs on est en pleine écriture de la saison deux de « Working Girls » alors que la saison une sera diffusée à partir du 19 avril ! Souvent aussi, on est sur plusieurs projets en même temps pour bien gagner sa vie, d’où la co-écriture. Quel ton parcours ? Comment es-tu devenu scénariste ? Comment faut-il faire pour exercer ce métier ?Je suis « montée » à Paris pour faire une école de cinéma. En sortant j’ai immédiatement bossé pour… la télé ! J’ai intégré Canal+ très jeune. Mon frère, Greg bossait déjà pour Nulle Part Ailleurs. Moi j’ai commencé avec « Les Robins des bois », puis j’ai enchaîné avec « Groland » et finalement « Les Guignols de l’Info » en tant que coordinatrice artistique. Mon expérience dans la mise en scène m’est essentielle dans mon travail d’écriture. J’ai des notions de rythme, de « faisabilité », presque une approche de réalisateur d’ailleurs quand j’écris une scène, c’est un vrai atout, surtout pour la comédie ! Tu es Nîmoise, est-ce que ton métier te permet de revenir souvent à Nîmes ? Comment tu t'organises ?Pouvoir « descendre » à Nîmes de temps en temps m’est tout à fait vital ! J’ai besoin de trainer dans la garrigue, de faire mes courses aux halles, de me repaître de terrasses au soleil, de taureaux…J’embarque mon fils de quatre ans, Raoul, le plus souvent possible pour le « ferrer » à ce pays que j’adore. Son père étant landais, c’est un peu la guerre des régions ! A celui qui va convertir le petit parisien à sa cause régionale ! |
Pouvoir « descendre » à Nîmes de temps en temps m’est tout à fait vital ! |
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