Rétro : débat autour de la première corrida
Il est courant d'entendre dire que la première Corrida dans les Arènes de Nîmes a eu lieu en 1863 mais cela n’est pas juste. Une première reste une première et c’est en 1853 que deux taureaux furent mis à mort dans les Arènes suivant un rituel conforme à la corrida espagnole. Un manque de réussite et l’absence de culture tauromachique du public en firent une journée oubliable, mais la vérité historique se doit d’être respectée, même si elle est moins clinquante que la légende. Les 10 et 14 mai sont, respectivement, les deuxièmes et troisièmes Corridas dans les Arènes de Nîmes. Contrairement à celle de 1853, les corridas de 1863 furent une réussite et participèrent à l’engouement des Nîmois à ce type de spectacle. |
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La corrida de 1853 : |
La population nîmoise vit cette année 1853 un spectacle qui ne lui avait pas été encore fourni, mais qui cadrait avec ses mœurs et surtout celles des localités environnantes. Le spectacle était une course de taureaux, à la manière espagnole. Ce spectacle, annoncé de bonne heure, avait attiré à Nîmes tous les habitants des villages voisins. Des trains de plaisir organisés par la compagnie du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée avaient amené de Marseille et de Montpellier d'épais contingents de curieux. La ville entière était littéralement encombrée de flots pressés d'étrangers. C'est un spectacle qui s'est d'ailleurs présenté plusieurs fois dans nos murs et tout récemment encore. |
La surprise de la mise à mort |
Il n'était pas cependant dit dans le programme que les taureaux seraient mis à mort, et néanmoins pour assister à ce spectacle si merveilleusement décrit par Théophile Gauthier et Alexandre Dumas et complètement inconnu à Nîmes, plus de trente mille spectateurs surchargeaient les gradins de notre Amphithéâtre. |
Un public décideur |
Il était évident que devant les réclamations d'une foule délirante l'autorité cèderait. Aussi lorsque l'espada s'en alla au pied de la tribune réservée aux autorités demander la permission de se mesurer seul à seul avec le taureau, ce fut de toutes parts des applaudissements, des interpellations, des cris qui exigeaient le sacrifice. L'autorité s'inclina, et l'animal reçut le coup mortel. Le signal était donné et la course prenait nettement le caractère espagnol à la joie de la multitude. |
Mais le deuxième taureau fut absolument martyrisé par ses exécuteurs. Il fallut le retirer de l'arène encore vivant et dès lors les autorités interdirent ce genre de spectacle. Le public lui-même, écœuré de la boucherie à laquelle il assistait, applaudit à cette décision comme il avait applaudi à l'annonce de la mise à mort. Ce n'est que bien longtemps après que de pareilles représentations furent autorisées. Mais un premier essai n'en laissa pas moins une profonde impression parmi nos concitoyens. Georges Mathon |
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