Les Mistons
Retour sur le célèbre film de François Truffaut tourné à Nîmes qui raconte une histoire d'amour entre Gérard (Gérard Blain) et Bernadette (Bernadette Lafont) dans le Sud de la France. Des gamins jaloux vivant aux alentours de Nîmes perturbent le couple.
En 1958, François Truffaut est déjà une personnalité du paysage cinématographique français. Il est connu comme polémiste aux côtés de futurs cinéastes comme Claude Chabrol, Jean-Luc Godard ou encore Jacques Rivette. Mais c'est bel et bien Truffaut qui est le plus virulent. Il est adoré par certains, détesté par d'autres. Mais l'important n'est pas de plaire ou de déplaire, l’essentiel est de ne pas laisser indifférent. Après avoir lancé la politique des auteurs et acquis une culture cinématographique solide, il décide de se lancer dans la réalisation. Il considère que son œuvre débute en 1958 avec son film Les Mistons. Pourtant, Truffaut était déjà passé derrière la caméra quatre ans auparavant avec l'aide de Rohmer. Mais c'est bien son deuxième film qui marque le début de sa carrière de cinéaste |
Au début de l'année 1957, François Truffaut tombe sur une nouvelle écrite par un de ses collègues de la revue Arts, Maurice Pons. Elle s'intitule Les Mistons et raconte l'histoire de Yvette et Étienne, un jeune couple qui se voit rendre la vie impossible par une bande de gamins jaloux. L'écrit tape dans l'œil du critique et il décide de l'adapter en court-métrage. Pour le rôle d'Étienne, François Truffaut pense à Gérard Blain. Quant à celui de Yvette, il voudrait le confier à Bernadette Lafont, la femme de Blain, à qui il propose le rôle lors du Festival de Cannes 1957. |
Le tournage a lieu à Nîmes durant l'été 1957. Truffaut a découvert cette région avec des amis et il en est tombé amoureux. Il abandonne son idée première qui était de tourner à Strasbourg et pose sa caméra dans le Gard. C'est ici qu'il transpose la nouvelle de Maurice Pons. Bernadette Lafont raconte ses début de comédienne et son expérience dans Les Mistons: « On s'est retrouvé à Nîmes, dans les Cévennes... que des coins que je connaissais (…) Truffaut m'a dit qu'il sentait que j'avais autant envie de faire du cinéma que lui (…) Ce film avait beaucoup de sens, beaucoup d'allure et énormément de chic quelque part »1. |
L'actrice gardoise ouvre le film. Elle remonte le Boulevard Victor Hugo en vélo alors que la caméra lui fait face. C'est avec ce véhicule que Bernadette nous fait une visite guidée du Département. Nous la suivons jusqu'au Pont du Gard qu'elle traverse robe et cheveux au vent. La suite de l'histoire nous amène dans le lieu le plus emblématique de la ville de Nîmes : l'amphithéâtre. Dans la scène qui se déroule à l'intérieur de ce dernier, les gamins sont comme des taureaux lâchés dans les arènes. Ils tentent d'importuner la balade romantique de Gérard et Bernadette. Leurs bêtises ne sont pas sans laisser penser au personnage d'Antoine Doinel dans Les Quatre cents coups. En effet, on retrouve le thème de la jeunesse, qui est récurent dans ce courant cinématographique qu'est la Nouvelle Vague. Les péripéties des « Mistons » continuent dans les Jardin de la Fontaine. Ils y écrivent à la craie des « inscriptions vengeresses » à l'adresse du jeune couple. Après que le personnage de Gérard se soit tué dans un accident de montagne, les Mistons revirent Bernadette sur les quais de la Fontaine, marchand devant la caméra avec une jupe désormais noire. Tout le long du film, Truffaut tente de filmer la ville comme il filmerait une femme. A l'instar de Bernadette pour les enfants, cette ville est retranscrite par le cinéaste de manière à livrer au spectateur « une sensualité lumineuse ». |
Pour certains cette affirmation peut être anecdotique, mais c'est dans le Gard que François Truffaut pose les bases de la Nouvelle Vague. |
Entretien accordé à ARTE
Thibault LOUCHEUX
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