Les Jeux Romains remplaceront-ils la féria ?
Les 17 et 18 mai auront lieu la cinquième édition des Jeux Romains dans les arènes et toute la ville. Cette manifestation connaît un succès populaire croissant, au point de s’interroger sur la possibilité de leur faire remplacer dans l’avenir la féria de Nîmes, quelque fois menacée.
« Déjà à l’époque, les Romains combattaient les taureaux un peu de la même façon que les recortadores (sauteurs) », explique Mickaël Couzigou, le directeur de Culture Espace, en charge de l’organisation des Jeux Romains. Ils auront lieu pour la cinquième fois le samedi 17 et dimanche 18 mai dans les arènes de Nîmes mais également dans toute la ville. Cette manifestation, très populaire auprès des familles et des touristes, connaît un succès grandissant. Jusqu’à 18 000 personnes sont attendues dans les arènes pour assister à une véritable reconstitution historique. L’ensemble de la ville joue le jeu avec des commerçants impliqués et des participants déguisés. |
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Une féria en perte de vitesse ? |
Les Jeux Romains auront lieu cette année trois semaines avant la féria de Pentecôte (du 4 au 9 juin). Cette dernière demeure depuis 62 ans la manifestation phare de la ville de Nîmes. Ce sont de 800 000 à un million de personnes qui viennent à Nîmes à cette occasion, dont 75% de personnes issues de la région Languedoc-Roussillon. Les arènes enregistrent une fréquentation cumulée de 70 000 personnes pour assister aux corridas et aux spectacles taurins. Les cafés, restaurants, hôtels, bodegas réalisent un chiffre d’affaire primordial pour la vitalité économique de la cité. Cependant la féria est menacée par les anti-corridas, toujours plus agressifs. Avec la crise économique, les chiffres d’affaires et la fréquentation sont à la baisse. Le prix des corridas s’envolent. La sécurité, le bruit, l’hygiène inquiètent les organisateurs d’une fête souvent stigmatisée comme étant « une beuverie sans âme ». Une fête de moins en moins populaire. Certains Nîmois n’hésitent pas à partir de la ville ce week-end de Pentecôte, ne se reconnaissant plus dans cette féria à plusieurs vitesses. |
Les Jeux Romains, une référence européenne |
« Je connais des familles nîmoises qui n’étaient pas revenues depuis 30 ans dans les arènes de Nîmes », s’étonne Mickaël Couzigou. Le promoteur de cet événement n’hésite d’ailleurs pas à parler de « Féria romaine » pour vendre les grands Jeux Romains. Cette année, une fois de plus, c’est l’identité et l’histoire de la ville qui seront à l’honneur avec le 2 000ème anniversaire de la mort de l’empereur Auguste. « C’est lui qui a urbanisé la ville », poursuit l’organisateur. Les grands Jeux Romains sont le premier événement européen du genre, avec la présence de 450 figurants dont 250 Italiens. D’autres viennent d’Autriche, de Belgique, d’Allemagne. Pour 2015, Culture Espace et la ville envisagent de faire débuter l’événement plus tôt dans la semaine pour fixer davantage les touristes. Cinquante restaurants sont partenaires des grands Jeux Romains. Ils jouent le jeu en se déguisant, en décorant leur commerce et parfois même en proposant des menus de l’époque. |
De la mise en scène de nos monuments |
Féria et grands Jeux Romains concourent à attirer les touristes dans la première ville romaine de France. « Faire visiter de vieilles pierres ne suffit plus, il faut proposer une mise en scène pour attirer les touristes », nous confiait Claude Reza, ex-directeur du Comité Départemental du Tourisme (Cf. Une à Nîmes n°3 juillet-août 2010). De ce point de vue, les grands jeux romains sont une vraie innovation. Ils respectent scrupuleusement les faits historiques. Pour le directeur de Culture Espace, il s’agit « d’une reconstitution historique sérieuse, spectaculaire, ludique et pédagogique ». Enfin, 320 enfants malades, handicapés et issus de familles défavorisées, seront invités cette année. La féria de Nîmes, quant à elle, continue son destin avec les mêmes recettes que les éditions précédentes. Elle surfe sur son attachement aux traditions locales enracinées et ses retombées économiques si importantes en temps de crise. Il n’est peut-être pas opportun d’opposer ses deux événements mais plutôt de penser complémentarité entre un événement naissant et une vieille dame qui n’aime pas toujours se remettre en question. Jérôme Puech |
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